L'important «n'est pas de savoir si nous vivrons après la mort, mais si nous serons vivant avant la mort ».
Maurice Zundel
Que se passe-t-il au moment de l'Annonciation? Un ange vient indiquer à une jeune femme la survenue d'événements pour le moins déroutants. Marie va devenir enceinte sans que son fiancé n'y soit pour quelque chose, situation embarrassante s'il en est. Or l'ange de l'Annonciation, comme celui qui visitera Joseph plus tard, indiquent une clé de lecture toute différente aux deux fiancés. Dans cette grossesse apparemment malvenue on peut discerner les traces d'un agir divin tout à fait extraordinaire. La sur¬prise de la grossesse de Marie peut donc être lue de deux manières:
On peut y voir un événement dont on va rechercher, le pourquoi, le comment. Cette causalité problématique (qui est le père?) va conditionner le déroulement de l'histoire (Joseph veut répudier Marie). Autrement dit, l'histoire de Marie et de Joseph ne peut plus continuer parce que les conditions que l'on considère comme nécessaires pour commencer une vie de couple ont été perturbées et ne sont plus présentes. Cela ren¬voie d'une manière générale à toutes ces fois où nous considérons que les conditions de nos vies telles que nous [es interprétons nous enferment, nous lient et nous em¬pêchent d'avancer dans la vie.
Mais l'ange s'attarde peu sur la cause de la grossesse, il parle principalement au futur indiquant ce que sera cet enfant. Il pousse le regard de Joseph et Marie vers l'avant, vers ce qui va arriver à partir de là. Il ne s'agit plus alors de se demander si les conditions sont suffisamment bonnes pour que nous acceptions d'avancer dans l'histoire, il s'agit, étant pris dans le dynamisme de cette histoire, de savoir ce que nous allons pouvoir en faire avec Dieu.
C'est ce changement de regard que je vais tenter de décrire en trois temps emprun¬tés à la pratique médicale. Il y a d'abord le diagnostic qui nous conduit soit à la pour¬suite possible du chemin, soit à l'impasse de l'absurde. Le chemin s'il continue cher¬che à sortir de la situation problématique, c'est alors temps du soin, de la thérapie, le moment où l'on verse de l'huile et du vin sur la blessure, où on la panse. Temps de la patience, dans l'attente du troisième temps, celui de la guérison qui, plus que la dis-parition des symptômes, est la réouverture à la liberté et à la joie sous l'action de la grâce guérissante. Lire la suite.